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La sorcière des marais

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Elle est l’une des ombres apparues à Brest en novembre 98, l’une des fractions les plus dangereuses de l’esprit d’Alexandre. Au cours de l’été 2006, quand il donnera des noms à ses différentes personnalités, leur ouvrant par là-même le droit à une existence, elle sera la première à être nommée, avant même Alice Morgenstern.

Son prénom sera une contraction de celui de Milena Jesenska, une maîtresse de Franz Kafka tandis que son nom ne présentera aucune référence directe ou indirecte même si sa consonance russe est probablement un héritage du Docteur Jivago ou d’Anna Karénine, deux ouvrages qui ont beaucoup marqué Alexandre.

Mais bien qu’encore indéfinie en 1998, Mina Solentskaïa se manifeste déjà à cette époque (1998-2001). Elle est responsable d’une dépression que fait Alexandre et qui se traduit notamment par quelques tendances à l’auto-mutilation (il « dessine » au cutter le dessus de ses mains) qui disparaissent cependant rapidement. Pendant plusieurs mois, le découragement d’Alexandre est total. Il ne fait plus grand chose dans ses études et, dans la solitude de sa chambre, il part parfois dans des crises de larmes inexplicables.

Mina Solentskaïa règne sur le ciel d’Alexandre. Elle maîtrise les vents, les nuages et la pluie et peut se manifester à tout moment, même le plus inopportun ou le plus heureux. Elle n’attend rien d’autre de l’existence que de la voir arriver à son terme. Pour elle, la vie est un non-sens absolu qui ne mérite pas d’être vécue. La faute à une forme de lucidité kafkaïenne qui dénigre toute valeur à l’existence. Les moments de joie, les accomplissements ? – Un miroir aux alouettes qui nous permet de nous leurrer et d’oublier que tout un jour doit finir. Alors pourquoi pas aujourd’hui, là, maintenant ?

Quand Alexandre fondera Widow Creek pour y abriter ses différents lui, il attribuera à Mina le domaine de Lecter Manor, référence au Silence des Agneaux, institution psychiatrique où l’on poussera les patients au suicide – car entre-temps, Mina Solentskaïa sera devenu contagieuse, capable de propager son désespoir à quiconque s’approchera d’elle, tel un virus mental capable d’infecter toute la pensée d’Alexandre.

Lecter Manor sera jouxté par des marais insalubres que peupleront les Tourments ainsi qu’Alexandre nommera ses souvenirs refoulés volontairement ou non. Mina Solentskaïa prendra l’habitude de se promener le longs de ces eaux saumâtres pour s’adresser aux corps décharnés qui flotteront à leur surface.

A l’heure où je vous écris, elle erre précisément en ces lieux de tristesse, le regard clair et vide ; elle serre entre ses mains une lame de rasoir et murmure des incantations. Sur son passage, rien ne survit, tout fane, tout finit. Elle attend l’heure où elle pourra reprendre le pouvoir. En attendant, Mina Solenstkaïa demeure. Eternellement.


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